Succès critique, échec public, Mirror's Edge est
avant tout un jeu-concept qui n'aura pas trouvé son public. Les développeurs de Dice, créateurs de la série des Battlefield, ont voulu jouer la carte de
l'originalité en inventant un monde, des nouvelles règles de jeu et un design
très particulier. Le monde de Mirror's Edge est blanc et seules
quelques couleurs vives sortent du lot en nous indiquant l'atmosphère et la
marche à suivre. Du rouge ? C'est l'objectif à atteindre ou la prochaine
plateforme à utiliser. Le jaune et le bleu, quant à eux, mettront en couleurs
les endroits les plus importants. Ce code couleur est très intelligent et permet
à n'importe lequel joueur de ne jamais se perdre. En cas de coup dur, il suffit
de regarder autour de soi et de trouver la prochaine porte ou le conduit
d'aération teinté de rouge. Première idée complètement géniale.
S'en suit alors le jeu à proprement parler. En
vue à la première personne, on contrôle Faith, un messager, qui enquête sur le
sort de sa soeur dans une ville voir un monde complètement corrompu. Cette
jungle urbaine est alors le terrain de jeu du joueur qui peut courir, sauter et
avec de bonnes combinaisons des touches faire quelques figures. Il faut aussi
glisser sous les obstacles et faire quelques roulades en cas de chute trop haute
pour éviter de se briser la nuque sur le sol. Concrètement, sur le papier, le
jeu semble aussi basique que possible. Mais une fois lancé on découvre un
gameplay raffiné et intelligent qui permet mille et une folies vidéoludiques. On
virevolte, on s'amuse à faire des acrobaties plus folles les unes que les autres
et il faut l'avouer : c'est classe.
Dommage que ce soit si mal utilisé. En effet,
même en oubliant un scénario franchement pas terrible (mis en scène par le
moteur du jeu ou pour les moments les plus importants, par des cinématiques en
dessin animé typé "animations Flash") on pestera souvent sur ces effroyables
répétitions de level-design qui cassent tout intérêt au jeu. Chaque niveau se
suit et se ressemble et seuls quelques-uns sortent du lot pour nous offrir du
merveilleux, du sensationnel, du prestigieux gameplay aux petits oignons. Une
course-poursuite, une fuite dans les conduits d'aération d'une tour gigantesque
ou encore une partie de cache-cache avec des snipers sont quelques exemples de
moments passionnants, mais trop rares. Ils se mélangent à de longues scènes de
course simple, d'acrobaties répétitives et d'un ennui fulgurant. Les scènes les
plus orientées action ne se jouent pas, mais se regardent. Bref, l'impression de
devoir supporter Mirror's Edge comme un jeu de plateformes "nouveau" plutôt que
comme un bon compromis entre l'Action et l'Aventure se fait vite sentir.
L'idée est géniale, mais n'est pas ludique. On
s'amuse avec le concept, on est émerveillé par la patte graphique des niveaux,
mais la sauce ne prend pas. En tous les cas pour moi. Cerise sur le gâteau : la
fin est naze, on ne la joue presque pas et elle arrive comme un cheveu sur la
soupe. Bref, c'est décevant. Par contre, je tiens à revenir sur les propos de
beaucoup de joueurs qui affirment que Mirror's Edge est court : entre le solo,
ses secrets et toutes les épreuves à débloquer, je pense qu'il y à fort à faire.
Comme on ne joue pas à ce jeu pour son scénario (enfin, je crois), il y a
largement de quoi s'amuser. La durée de vie est, je pense, très honnête. Au-delà
de toute cette déception, je tiens tout de même à préciser que l'essai de Dice
est osé et rien que pour cela, il se doit d'être mis en avant. Néanmoins,
Mirror's Edge m'a paru au final comme très quelconque. Bien plus que prévu, en
tous les cas.